Chapitre I

Te rappelles-tu comment on parvient au pays de Fred le nain ? C’est un long voyage et il ne faut surtout pas te tromper de monture !

De grand matin, au dernier croissant de lune, tu partiras vers l’est ; après sept jours de marche tu découvriras, au milieu d’une forêt, un cheval brun à la selle d’argent (là est la seule vraie difficulté : car si par malheur tu le confondais avec un cheval noir au caparaçon vermeil, tu irais tout droit chez les terribles Zerlus !!! Cheval noir, cheval brun, il semble facile de les distinguer : et pourtant, ce n’est pas toujours bien clair…). Enfin, après une chevauchée de trois fois douze jours, tu parviendras aux rives d’un grand lac où attend une barque très légère, faite de simple roseau tendu de toile imperméable bleue. Tu peux y monter sans crainte, et la barque, tirée par Huch, le vieux saumon, te déposera non loin du palais de la fée Lihi…

Et maintenant, voici la suite de l’histoire de Fred le nain et Maho le géant :

 

Le lendemain du jour où Maho le géant fit son apparition dans le pays, Fred le nain sortit de sa maisonnette dès le lever du soleil, comme à l’accoutumée. Il ne faisait pas encore très chaud et Fred commença aussitôt sa gymnastique matinale.

« Je n’aime pas changer mes habitudes, se disait le nain en sautillant sur place. Même l’arrivée d’un géant ne doit pas m’empêcher de faire mes exercices. »

Et il se mit à trottiner sur l’herbe humide de rosée, parmi les fleurs aux corolles étincelantes.

Comme il gambadait ainsi dans la clairière, Ramis le renard s’en vint d’un petit air guilleret et entama une série de saluts compliqués et très drôles.

— Bonjour, bonjour, cher président ! fit-il de sa voix la plus aimable. Quel plaisir et quel honneur pour moi ! Ma première rencontre du matin…

 

 

— Je ne suis plus président, s’écria Fred, sans cesser de faire ses cabrioles. Et il ajouta : – Il n’est plus nécessaire de tenir un conseil des habitants du pays, puisque le danger est écarté et que Maho le géant est notre ami.

— Comme toujours, vous êtes trop modeste ! repartit Ramis en inclinant de nouveau sa tête au fin museau. Mais en vérité, c’est vous, notre chef à tous ! Ne dit-on pas en parlant de nos montagnes, de nos forêts, de nos clairières : le Pays de Fred le nain ? Je ne mentais donc pas en vous appelant « président » !

Fred, plus flatté qu’il ne le montrait, voulut exécuter un saut périlleux parfait, pour couper court à cette conversation.

Il resta un instant immobile, prit son élan, culbuta en l’air, dans un rayon de soleil. Mais il retomba brutalement sur son derrière et mouilla ses habits.

— Ah mon ami ! fit le renard en accourant. Auriez-vous quelque mal ?

Il s’affairait d’un air navré auprès du nain, époussetait ses gouttes d’eau d’un revers de patte et lui proposait son aide pour se relever.

Exaspéré, Fred bondit sur ses pieds, salua rapidement Ramis et rentra dans sa maisonnette.

Mina, sa femme, devina bien en voyant sa figure chagrine et ses vêtements humides ce qui était arrivé. Mais elle ne dit rien. Elle l’installa près du poêle pour qu’il sèche vite et prenne un bon petit déjeuner réconfortant avec les enfants.

Les cinq garçons, Fréda, Frédé, Frédi, Frédo et Frédu, s’asseyaient bruyamment autour de la table, en se bousculant et en riant. Seule Miny, leur petite sœur, ne venait pas comme les autres jours se suspendre à la veste de son père, pour qu’il lui fasse un câlin.

— Où est Miny ? demanda Fred à la cantonade.

Mina, qui apportait le lait chaud, regarda autour d’elle avec inquiétude. On appela sans succès. Chacun se mit aux recherches. Miny était si petite qu’elle passait par le trou d’une souris.

— C’est insupportable, grondait le père, cette enfant n’en fait qu’à sa tête et s’en va sans permission…

— Et sans même prendre son petit déjeuner ! ajouta la maman d’une voix désolée.

On chercha, on fouilla, on remua tout. Mais il était clair que Miny avait quitté la maison.

Une fée sans baguette
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